Les Ultra-Chimères : le concept

Par Max. Optimizer.
Traduit par Swiffix. Relectures par McSim et Antares.
« Article Précédent Article Suivant »
Ultra Beasts: The Concept artwork

Art par Tiki.

Introduction

A l’aube de la 8ème génération des jeux Pokémon, et avec la Génération 7 touchant à sa fin, j’aimerais dédier une rétrospective à l’un des éléments ayant rendu les jeux de la Génération 7 aussi mémorables et uniques : les Ultra-Chimères (UCs). La première moitié de cet article sera consacrée au concept de base des Ultra-Chimères, et j’y réévaluerai les fonctions qu’elles remplissent dans les jeux. Sa seconde moitié me verra mettre en exergue chacune des UCs avec des anecdotes relatives à leurs designs et à leurs noms. Qui sait ? Peut-être certains de nos lecteurs apprendrons de nouvelles choses qui leur feront porter un regard nouveau sur les UCs.


Concept de base

Les UCs sont des créatures mystérieuses et puissantes qui apparaissent là ou des brèches interdimensionnelles, appelées Ultra-Brèches, s’ouvrent dans le ciel d’Alola. Game Freak a habilement réussi à faire ressortir ces créatures particulières de la pléthore de Pokémon que nous avions rencontré jusqu’à présent, en leur donnant un design littéralement d’un autre monde ainsi que leur propre Talent signature : Boost Chimère. Une autre caractéristique qui les sépare du lot des autres Pokémon est le fait que le Motisma-Dex ne peut ni assimiler ni enregistrer le nom d’une UC lorsqu’il la rencontre, et il n’en devient capable qu’une fois qu’elle a été capturée par le dresseur.

Cependant, il est important de noter qu’en dépit de leur apparence « extraterrestre », ils n’en sont pas moins des « Pokémon » au niveau des game mechanics : ils ont des natures, un montant maximal similaire de 510 EVs pouvant être investi dans les différentes statistiques, un montant maximal similaire de 31 IVs qu’une même statistique peut avoir, un niveau maximal de 100, et un accès à des capacités communes et présentes dans les movepools de Pokémon prédatant leur existence.

Le spectaculaire phénomène naturel susmentionné des Ultra-Brèches apparaissant dans le ciel d’Alola est dû à la présence de Cosmog et de ses évolutions, Solgaleo et Lunala, des entités dotées du pouvoir de traverser les frontières interdimensionnelles à leur guise. Game Freak a réussi à traduire un semblant de mystère ici, vu que des Pokémon comme Cosmog, Cosmovum, Solgaleo, Lunala et même le mystifiant Necrozma pourraient techniquement être classifiés en tant que UCs. La ligne de démarcation entre « Qu’est-ce qu’un Pokémon », dans le sens traditionnel du terme, et « Qu’est-ce qu’une UC » est donc relativement floue et dépend de l’interprétation personnelle qu’en fait chaque joueur. Cependant, pour les objectifs reliés à cet article, j’estimerais que ces Pokémon ne font pas partie des UCs.

L’arrivée des UCs dans la région d’Alola révèle également au joueur que les quatre divinités gardiennes de la région, Tokorico, Tokopiyon, Tokotoro et Tokopisco, méritent entièrement leur titre et défendent courageusement leur territoire et les personnes l’habitant. Il est dit que ces divinités gardiennes protégeaient déjà leurs îles respectives avant que les évènements de SM et USM ne se produisirent, emportant avec eux leurs invités surprise récurrents. Même les Doyens prouvent que leurs fonctions dépassent celles de simples Champions d’Arène et qu'elles vont au-delà des seules Grandes Épreuves, notamment dans les cinématiques qui illustrent les conséquences des ouvertures d’Ultra-Brèches par Cosmog, forcé par Elsa-Mina. L’explication la plus plausible de la coopération des Toko et des Doyens dans ce scénario est que le simple manque d’informations liées à ces créatures « extraterrestres » les aurait poussés à vouloir parer cette menace potentielle avant qu’elle ne puisse dégénérer. Leur intervention était principalement une mesure de précaution vu que personne n’avait encore réussi à capturer une UC afin de pouvoir étudier leur nature et leur comportement.

Cependant, les divinités gardienne ne furent pas les seules à remarquer la présence des intrus. Afin de contrer efficacement les UCs, les principaux membres de la Fondation Æther comme Mohn, Elsa-Mina, Vicky et Saubohne commencent à consacrer leur vie à la création de « Type:0 », une chimère servant littéralement de « tueur d’UC », en combinant les cellules de Pokémon de tous types à son ADN. Leur objectif était de maximiser leurs chances de Victoire en laissant à Silvallié, l’évolution de Type:0, le soin de battre les UCs, de les contrer parfaitement grâce à sa capacité de changer de type librement lorsqu’équipé du bon ROM type. Or, comme Type:0 refusait de coopérer avec la Fondation Æther, le projet fut abandonné, et l’objectif principal de la fondation est passé à la tentative de capturer les UCs. Étant donné que les Poké Balls ordinaires (la Master Ball étant la seule exception) n’ont qu’un multiplicateur de taux de capture de 0,1x lorsqu’elles tentent de capturer des UCs, l’équipe de recherche de la fondation a dû investir beaucoup de ressources dans le développement d'une Poké Ball qui répondrait mieux à cette fonction : l’Ultra Ball, avec un multiplicateur de taux de capture de 5x pour les UCs. Curieusement, l’Ultra Ball n’a qu’un multiplicateur de taux de capture de 0,1x lorsqu’il s’agit d’attraper des Pokémon réguliers, qui ne sont pas des UCs.

La présence des UCs dans la région d'Alola, ainsi que les implications qui y sont liées, ne perdent pas la moindre importance une fois l'histoire terminée. En fait, ces créatures composent l'intégralité de l’histoire post-Ligue dans les jeux SM réguliers, où le joueur peut offrir son aide dans la défense d’Alola. Alors que les Doyens ont déjà repoussé la plupart des UCs dans les jeux USM, à l'exception d’Ama-Ama (UL) et de Pierroteknik (US), on ne peut pas en dire autant des premières versions des jeux de la Génération 7. Une fois que le joueur devient le premier Maitre de la région d'Alola, Beladonis, un membre de la police internationale, lui demande de l’aider à capturer les UCs restants qui terrorisent toujours certaines parties des îles. Beladonis est accompagné de Cathy, la Meneuse de la Tour de Combat de la Zone de Combat dans la région de Hoenn. Elle est une « Imprégnée », c’est-à-dire un humain qui a traversé une Ultra-Brèche, un peu comme une UC, et fonctionne depuis comme un appât à UCs pour la police internationale, puisque les UCs sont capables de détecter l'énergie de l’Ultra-Brèche qu’elle a traversé.

Le fait que les UCs réagissent à cette énergie témoigne du fait qu’elles ne voulaient pas nécessairement venir dans ce monde et qu'elles cherchent désespérément un moyen de retourner chez eux, à leurs mondes respectifs dans l'Ultra-Dimension. Cela implique que, bien que les UCs sont considérées comme des « intrus », elles ne sont pas nécessairement mauvaises en soi. En fin de compte, elles sont également victimes de la nature imprévisible des Ultra-Brèches, tout comme les Imprégnés.

D’ailleurs, dans cette optique du symbolisme du revers de la médaille, les jeux USL, seconde version des jeux de la Génération 7, nous ont introduit à l'Ultra-Commando, un groupe de personnes venu d'une dimension différente et ayant suivi Necrozma jusqu'à la région d'Alola parce qu'il avait volé la lumière de leur monde. Leur partenaire est Vémini, une nouvelle UC exclusive aux jeux USL et la seule UC capable d’évoluer. Cela soutient mon argument précédent sur le fait que les UCs ne sont pas nécessairement mauvaises et qu'elles sont parfaitement capables de former des liens pacifiques avec d'autres formes de vie.


Études de cas

Maintenant que nous avons discuté du concept de base des UCs, j’aimerais saisir l'opportunité de mettre en exergue chaque UC individuellement et de parler de ce qui rend chacune d'entre elles intéressante et digne d'être rappelée.

Zéroîd (UC-01 Parasite)

Nihilego

Zéroîd fut l'une des premières UCs à être révélées lors des bandes-annonces des jeux Soleil et Lune. Cette UC, ressemblant à une méduse, a immédiatement attiré l'attention de nombreux joueurs en raison de son apparence qui leur rappelait énormément de Lilie, une fille mystérieuse servant de bras droit au professeur Euphorbe. Beaucoup de spéculations ont surgi lorsque les gens avancèrent la théorie selon laquelle les UCs seraient capables de changer de forme et d'imiter les humains. Son nom de code « Parasite » (« Symbiont » en anglais) est une référence au grec « symbiosis » (συμβίωσις), signifiant « vivre ensemble », et, vu son interaction avec Elsa-Mina, il est évident pourquoi ce nom de code spécifique a été choisi. Son nom actuel Zéroîd (« Nihilego » en anglais) est composé des deux mots latins, « nihil » (rien) et « ego » (soi), signifiant que cette UC n'a pas de véritable « soi » et qu'il a besoin d'un hôte, un peu comme un parasite. Son corps souple et flexible peut également être considéré comme un indicateur du thème susmentionné.

Mouscoto (UC-02 Expansion)

Buzzwole

Un coup d'œil rapide à ce moustique bodybuilder doté de la capacité Vampirisme suffit pour comprendre son nom de code « Expansion » (« Absorbtion » en anglais). Le phénomène par lequel certaines familles de moustiques parviennent, par leur hyper mobilité et leur immigration, à se propager à des pays étrangers de leur habitat d'origine est cohérente avec le voyage effectué par Mouscoto de l'Ultra-Dimension à la région d'Alola. Bien qu'il soit assez évident pourquoi cette UC est de type partiel Insecte, l’explication derrière son type Combat est bien plus intéressante. Par définition, une espèce envahissante essaie toujours d'affirmer sa domination en combattant les concurrents locaux pour poursuivre sa propagation.

Cancrelove (UC-02 Beauté)

Pheromosa

Cancrelove, tout comme Zéroîd, est une UC intéressante qui m'a initialement amené, ainsi que d'autres fans de Pokémon, à croire que les UCs sont capables de changer de forme. Son apparence et son comportement rappellent Elsa-Mina. Son nom de code « Beauté » (« Beauty » en anglais) de même que son nom réel « Cancrelove » (« Pheromosa » en anglais) réfèrent tous deux à la version féminine de l'adjectif espagnol « hermosa », signifiant « beau ». La partie « Phero- » de son nom anglais fait référence aux phéromones, des produits chimiques sécrétés par les glandes servant de moyen de communication entre les membres d'une même espèce, notamment dans le monde des insectes. Il est donc logique que cette UC, qui ressemble à un cafard et à un copépode, soit en partie un type d'insecte. Le regard et la posture corporelle de Cancrelove suggèrent également un aspect narcissique.

Câblifère (UC-03 Éclair)

Xurkitree

Le nom de Câblifère (« Xurkitree » en anglais) vient d’une manipulation des mots « circuit » et « arbre » (« tree » en anglais), ainsi qu'un homophone de l’anglais « circuits ». Tout comme Zéroîd et Cancrelove, Câblifère était une raison de plus pour laquelle les gens pensaient que les UCs étaient capables d’assumer une forme humaine, car sa tête ne ressemble pas seulement à une étoile morave, mais aussi à la tête de Guzma. Il est intéressant de noter que, alors que toutes les autres UCs ont un double type, Game Freak a décidé de faire de Câblifère un type Électrik pur, le démarquant ainsi des autres à ce niveau.

Bamboiselle (UC-04 Réacteur)

Bamboiselle est également un cas intéressant. Cette UC en forme de fusée est une référence à la princesse extraterrestre Kaguya (かぐや姫), du conte populaire japonais Le Conte du coupeur de bambou. Les moteurs de fusée ressemblent à des tiges de bambou, et l'élément doré à l'intérieur est une référence à l'or que le peuple de Kaguya avait caché à l'intérieur du bambou, sachant que c'était une monnaie précieuse sur Terre et que cela l'aiderait à survivre. Le thème du vaisseau spatial est également lié au fait que le nom anglais de Bamboiselle (« Celesteela »), son design et son double type Acier / Vol sont également des références à SELENE (« SELenological and ENgineering Explorer »), un vaisseau spatial japonais comprenant un orbiteur lunaire, lancé le 14 septembre 2007 et également surnommé « Kaguya » () traduit bien cette référence. Il est donc clair pourquoi cette UC est rencontrée au Parc de Malié, un jardin asiatique situé au milieu d'une région basée à Hawaî, l'autre lieu de capture étant le Désert Haina, un désert rocheux qui pourrait être une référence à la lune.

Katagami (UC-04 Lame)

Kartana

Le nom de Katagami (« Kartana » en anglais) est évidemment une référence aux katanas, célèbres épées utilisées par les samouraîs à l'époque féodale du Japon. Bien que cette référence, ainsi que son nom de code, expliquent pourquoi il est en partie de type Acier, le fait qu'il soit aussi en partie de type Plante pourrait très bien être une référence au Kusanagi-no-Tsurugi (草薙の剣), une épée légendaire de couleur blanche métallique qui apparaît dans de nombreux textes du folklore japonais. Son nom se traduit par « épée coupante d'herbe » et serait un trésor véritable, caché dans un sanctuaire. Le fait qu'elle soit aussi une référence à l'origami, l'art japonais du pliage du papier, explique pourquoi cette UC est littéralement aussi fine que du papier, notamment pour ce qui est de son côté spécialement défensif.

Engloutyran (UC-05 Gourmandise)

Guzzlord

Le nom d’Engloutyran (« Guzzlord » en anglais), formé des mots « guzzle » et « lord », ainsi que son nom de code « Gourmandise » (« Glutton » en anglais), expriment déjà amplement sa nature vorace. Le fait que cette UC soit en partie de type Ténèbres et qu’il possède un pharynx apparemment sans fond, capable de consommer tout ce qui s'en rapproche trop, reflète le thème des « trous noirs » capables de se développer en absorbant la masse environnante, y compris d'autres trous noirs. Engloutyran est littéralement un « corps noir », c’est-à-dire un corps physique capable d’absorber les radiations électromagnétiques de toutes fréquences, y compris la lumière. Enfin, avec l'analyse des thèmes de destruction susmentionnés et leur incorporation, il n'est pas surprenant d’apprendre que cette UC peut être rencontré à l’Ultra-Gratte-Ciel, une ville complètement démolie et sans aucune trace de vie.

Vémini (UC Glue) et Mandrillon (UC Aiguillon)

Poipole Naganadel

Comme je l'ai déjà mentionné plus tôt dans cet article, Vémini est une UC unique dans le sens où il est capable d’évoluer (en Mandrillon). Leurs noms sont respectivement composés des mots « poison » et « pole », et « nāga », une divinité serpentine dans l'Hindouisme, le Bouddhisme et le Jaînisme, et « nadel », le mot allemand pour « aiguille », faisant évidemment référence à son dard géant qui explique son nom de code. Cette UC exclusive à l'USL est également unique dans le sens où elle n'est pas arrivée dans la région d'Alola par le biais des Ultra-Brèches comme les autres, mais a été amenée là-bas en tant que Vémini par l'Ultra-Commando.

Ama-Ama (UC Empilage)

Stakataka

Le nom anglais d’Ama-Ama (« Stakataka ») lui va à la perfection, résultant très certainement d’une combinaison des verbes « empiler » et « attaquer ». Dans le même ordre d’idée, son nom de code fait référence au fait qu'il est assemblé de nombreuses entités vivantes ayant la forme de briques. Cela est similaire à la façon dont certains Pokémon réguliers se réunissent pour former de nouveaux Pokémon, tels que les Magnéti formant un Magnéton ou les Terhal formant un Métang et les Métang formant eux-mêmes un Métalosse. Comme je l'ai déjà dit plus tôt dans cet article, bien que les UCs semblent indéniablement extraterrestres de l'extérieur, un regard de plus près révèle qu’ils partagent néanmoins de nombreuses caractéristiques typiques des Pokémon au sens traditionnel du terme. Ama-Ama témoigne également de la manière dont les capacités de la 3DS ont permis aux concepteurs de mettre en œuvre des animations Pokémon plus complexes : son corps est beaucoup plus mobile qu'on pourrait initialement imaginer, et on peut voir les briques se déplacer pour révéler des yeux cachés dans son noyau dans le processus.

Pierroteknik (UC Détonation)

Blacephalon

Enfin, en dernière place mais non des moindres, nous avons Pierroteknik (« Blacephalon » en anglais), l'UC colorée ressemblant à un clown jonglant avec des balles invisibles. Cependant, ne vous laissez pas berner par son aspect ludique et apparemment inoffensif ! Ce clown ne fait pas rire ! Il peut provoquer des feux d'artifice en retirant sa tête et la faisant exploser comme un pétard géant. Le fait qu'il puisse facilement enlever (et aussi faire repousser) sa tête semble être une référence au rokurokubi (ろくろ首, 轆轤首), un yōkai du folklore japonais doué de cette même capacité. Aussi, ce petit gimmick, ensemble avec le type Spectre partiel du Pokémon, me rappelle le personnage Nick Quasi-Sans-Tête (« Nearly Headless Nick ») des livres Harry Potter ! Son nom anglais est composé des mots « blaze » et du grec ancien « kephalḗ » (κεφαλή), signifiant « tête ». Cette UC est unique dans le sens où elle possède une capacité signature unique : Caboche-Kaboum, une capacité à Puissance de 150 qui sacrifie la moitié des PVs maximum arrondis de Pierroteknik lorsqu'utilisée. Les concepteurs ont superbement réussi à animer ladite capacité, ainsi que les mouvements généraux de Pierroteknik, de sorte à faire ressortir la nature comique de ce Pokémon. Contrairement à de nombreux autres Pokémon, ses animations ont beaucoup plus de personnalité, et le Pokémon ne fait pas que se balancer d'avant en arrière.


Conclusion

En somme, j'espère que cet article a réussi à expliquer comment les UCs ont servi d’élément moteur intriguant clé tout au long de l'histoire de la Génération 7, affectant à la fois les Pokémon locaux et les humains. Après avoir étudié les thèmes ayant inspiré leur conception, leurs noms et leurs types, il apparait clairement que Game Freak a réussi à intégrer un grand nombre de références réfléchies à la science et à la mythologie de notre monde réel. Peut-être ne sont-ils pas aussi « extraterrestres » que nous les pensions à la base ? Les UCs ont apporté de nouveaux éléments intéressants aux jeux et ont définitivement été un point saillant de cette génération.

HTML par Ryota Mitarai. Version française par LBDC.
« Article Précédent Article Suivant »